Chronique japonaise (7)


 
Du fait de la densite de la population japonaise, les transports
publics (trains, bus) sont tres largement developpes et utilises
quotidiennement par la majorite.

La frequence des trains est telle qu’il n’y a jamais besoin de
consulter les horaires.   Tout au plus a t'on le temps de fumer
une cigarette dans un des endroits designes a cet effet par un
carre blanc marque au sol . Sur le quai, on trouve en general
de nombreux distributeurs de boissons, froides et chaudes. Le
cafe-comptoir n'existe pas et c'est dans une canette servie a
une temperature juste bonne pour ne pas se bruler les mains,
que l'on boit son the vert ou un cafe. Bizarrement, les cannettes
ne sont pas censees etre emmenees ailleurs, et se boivent a cote
de la machine, avant d'etre jetees dans une poubelle qui leur est dediee.

Devant les kiosques a journeaux sont disposes les piles
de mangas et quelques magazines, qui constituent l'essentiel
de la lecture ferroviere. Malgre leur volume (proche d'un
bottin telephonique), ceux-ci sont lus en moins d'une heure.
Les livres, plus rares et de petits volumes sont toujours
recouverts manuellement au moment de la vente, dans un
papier au sigle du vendeur, si bien qu'il n'est jamais possible
de savoir ce que son voisin lit.

Nombreux, les employes de la gare, en costumes avec casquette,
ont tous une tache bien designee et s'en affranchissent avec un
serieux qui ferait rever les anciens de la SNCF. Sans doute chef
de gare, un des leurs arpente toute la journee le quai, arme
d'un micro "sans fil". Il fait les annonces, detaillant les correspondances,
s'assure avant la venue d'un train que tout est en ordre,
et reprimande, d'un geste de la main, tout aventureux flirtant
en bord de quai. Au sol, a intervalles reguliers se trouvent
deux marques, espacees d'un metre,  qui indiquent le debut
des files d'attentes. Chacun se positionne et lorsque le train
arrive, avec une precision extraordinaire, dans le temps
et l'espace, les portes se trouvant juste au milieu des marques,
les voyageurs sortent au milieu de ce corridor humain,
qui s'engouffre a son tour a la seconde meme ou la voie est libre,
a toute vitesse dans l'espoir d'une place assise.

Tres agreable est le fait que les actes propres a gener
cette belle mecanique, comme les voyageurs presses et fatigues,
qui courent pour attraper leur train, bousculent ou doublent
pour gagner une place, ne sont pas regardes de travers.
Un peu comme si chacun comprenait que ceux-ci doivent avoir
leurs raisons d'agir ainsi. Egalement, lorsque les portes se ferment
alors qu'un voyageur se rue sur le quai pour attraper le train, il
s'en trouve toujours un pour bloquer cette meme porte et aider
le retardataire a forcer le passage.

Dans le train, bonde ou pas, a l'exception du vendredi et
samedi soir, le silence regne, et les voyageurs vaquent a leurs
occupations. A parts egales : consultation de l'ecran du telephone
portable (je n'ai toujours pas compris ce qu'ils pouvaient y faire),
lectures (principalement des mangas), pensees (rien d'apparent
tout au moins, on peut imaginer qu'ils pensent), sommeil.
Dormir dans les trains est tres courant, tout comme de se
retrouver avec la tete du voisin tombee sur son epaule,
un peu gene au reveil de se rendre compte que l'oreiller etait
un ganji (etranger).

La encore, le conducteur du train est tres actif et toutes les trente
secondes, annonce la prochaine station, avec le detail des correspondances.
Cela permet de de dormir ou lire, sans jamais avoir a lever la tete
pour se localiser.

Sur un autre sujet, il nous est arrive une mesaventure qui
merite d'etre racontee : Partis faire des courses, nous laissons
a Josette (mere de Stephanie en visite) la garde des enfants.
De retour une heure plus tard, alors que nous sortons de la
voiture, nous croisons une voiture de police, gyrophare allume,
marchant au pas et dont les haut parleurs debitent des messages.
Intrigues, imaginant l'annonce d'une catastrophe naturelle,
nous les arretons pour leur demander ce qui se passe
(car bien entendu nous n'avions pas compris). A une explication
rendue compliquee par notre faible niveau de japonais, nous arrivons
a comprendre qu'un enfant d'environ deux ans, dont l'identite est inconnue,
a ete retrouve par la police. Pas de seisme en vue et pas
concernes par leur histoire, nous rentrons donc chez nous,
avec tout de meme quelque pensees pour ce cas, etant parents
d' un enfant d'a peu pres cet age. Arrives a la maison,
petite question pour la forme
- Que fait Octave ?
- Mais, il n'est pas avec vous ?
Bon, Octave a du "s'echapper". Pas de probleme pour ouvrir la porte,
prendre l'ascenseur.  Il a du nous voir partir et nous suivre...
S'en suit une panique de Stephanie,  desormais en transe.
Nous quittons l'appartement pour rejoindre a nouveau la voiture.
Direction la police.  Sentiment tres etrange, partage entre  l'angoisse
de la perte d'un enfant et le soulagement de deja le savoir  retrouve
(mais avons nous vraiment compris ce que les policiers racontaient ?).
Stephanie s'inquiete du traumatisme pour Octave, je la rassure.
On s'engueule. Crise.

Arrives au "koban", commissariat japonais de quartier,
toute petite maison composee d'une unique piece aux murs
placardes d'avis de recherches,  nous retrouvons l'habituel prepose,
rendu placide par l'ennui, face a son cendrier plein.
Explication de notre cas, toujours en japonais (dur !),
il n'est visiblement pas au courant. Angoisse. Il passe
quelques coups de  fils, nous mene un interrogatoire
qui semble interminable sur la couleur de cheveux,  les habits,
chaussures... est ce vraiment l'heure de travailler le vocabulaire japonais.
Aaarrrgs !
Finalement, il nous gratifie d'un ok du pouce,
accompagne d'un large sourire. Il est bien retrouve.
- DOKO DESUKA (OU EST IL ?)
Nouvelles explications, il a ete emmene au YCAC (Yokohama Country Athletic Club),
club d'americains bedonnants. Nous rejoignons  la voiture,
filons dans les rues etroites de la colline de Yamate et arrivons
au club dont le parking revele quelques voitures de polices.
Lachement, je laisse Stephanie rentrer la premiere tandis que
je gare la voiture. Nouvelle angoisse face aux explications
qu'il va falloir fournir. Perdre un enfant, ne pas s'en rendre
compte, il y a de quoi se faire expulser d'un pays si bien regle !
Franchissant la porte vitree, deuxieme frayeur une seconde
en voyant les policiers en blouses blanches et  le corps inerte d'Octave
dans les bras d'une femme assise que je ne connais pas.
Rien de tout cela n'est justifie, il dort paisiblement et les policiers
se revelent tres sympatiques. Personne ne me demande "pourquoi, comment ?".
Une main courante a signer et l'affaire est reglee. Au final, on a le sentiment
d'avoir rendu service a une police qui de toute evidence s'ennuie.

Quant a Octave, nous avons eu quelques details sur sa fugue.
Il a ete retrouve dans le parc qui fait face a notre immeuble,
dans le bac a sable ! Il n'a pas du bien comprendre que
des inconnus l'embarque, mais vu sa passion pour les vehicules
de pompiers ou de police, le trajet n'a pas du lui deplaire.
Avec un peu de chance, ils ont meme mis les gyrophares ?
En tous  cas, le lendemain, il ne nous a rien relate de son
aventure de la veille, rien de particulier ne s'etait passe....

Voila pour les derniers "news", pour ceux qui ont rate
quelques episodes, elles sont toutes desormais en ligne sur http://sodaj.free.fr

Kiotskette, (Take care, well, prenez soin de vous !)
sodaj.
 
 
 
 
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